Le long des chemins de Suresnes
Où le vent caressait nos joues
Je vais maintenant solitaire
Et pourtant
Ces coulées d'argent sur la Seine
C'est le soleil d'avril qui joue
Le même qui baignait naguère
Nos vingt ans
Comme papillons et fleurettes
Les amours de printemps sont brèves
Moi je fume une cigarette
Et je rêve
De jeunes couvées de pinsons
Perchées sur de nouvelles branches
Ont changé l'âme du vieux chêne
Et pourtant
Je crois entendre nos chansons
A la guinguette du dimanche
Comme un écho qui se promène
Dans le temps
Et les souvenirs font la ronde
Au son des rengaines très douces
Tandis que je grille une blonde
Sur la mousse
On s'est aimé, c'est naturel
De la première pâquerette
Jusqu'à la saison du colchique
Et pourtant
Du paysage immatériel
Qui monte de ma cigarette
Surgit le passé magnifique
Par instants
Et sur la berge enluminée
Une ombre auprès de moi se couche
Qui vient cueillir de la fumée
Sur ma bouche